Je vais vous faire une confidence : je suis dotée d’un horrible sens de la contradiction. Donnez moi un conseil, et soyez sûres que j’agirai toujours à l’inverse. Tou-jours. Et bien évidemment, ça n’a pas loupé avec ce tissu.
J’ai croisé la route de ce crépon de soie chez Bennytex, lors de ma virée parisienne en novembre. Nous étions avec Gigette sur le point de régler nos achats quand nous nous sommes arrêtées devant le rouleau, touchant l’étoffe et admirant ses belles couleurs. Le gérant nous observe du coin de l’oeil et lance à son collègue « tiens, donne en un peu à ces Dames, c’est mon cadeau ! »
Ma réaction, à peu près.
Et « un peu » chez Bennytex, c’est 2m20 de tissu. CHACUNE.
BREF. Quand j’ai mené cet adorable crépon de soie, parsemé de petits coeurs, à ma prof de modélisme pour des conseils, elle m’a répondu tout de go « je ne te conseille pas de le travailler en robe, ça va être très compliqué. Fais en des foulards pour des cadeaux, tu t’embêteras bien moins ».
Autant vous dire, qu’ici, c’est entré par une oreille et tout de suite sorti par une autre. 😀 Et en lisant il y a quelques jours cet article sur le blog de Deer and Doe, l’illumination : une Réglisse ! Mais oui, une jolie petite Réglisse, que je porterai le jour de la Saint-Valentin.
Je m’étais donc armée de toute ma patience et mon courage, d’une aiguille Microtex et surtout, d’une bonne bombe de Fabulon. La soie étant amidonnée, l’exécution de la robe s’est plutôt bien passée : comme je la souhaitais la plus impeccable possible, absolument TOUTES les coutures sont montées à l’anglaise, et la robe est entièrement doublée avec une mousseline noire trouvée chez La Caverne aux Mille Tissus. J’en ai sué, priant pour que tout cela vaille le coup. Mais j’avais comme qui dirait zappé un détail.
J’avais noté qu’il fallait suspendre une robe dont les jupes étaient taillées dans le biais, au moins 24h avant de procéder à l’ourlet, surtout avec des matières aussi mouvantes que la soie. Ce que j’ai religieusement fait. Sauf que mes jupes étaient…amidonnées ! Et c’est bien évidemment quand l’ourlet fut réalisé (DEUX FOIS HEIN…sur la mousseline aussi…), que la robe fut lavée et séchée pour être portée dimanche que la catastrophe eut lieu : les jupes se sont détendues.
Cette photo a été prise avant la reprise de la robe : vous pouvez voir sur les côtés que l’ourlet est légèrement plus long. Honnêtement, j’aurai pu le laisser comme ça, surtout quand on connait la suite de l’histoire. Mais en plus d’être contrariante…je suis têtue. 😀 J’ai donc entrepris de recouper les 2 jupes, et ce fut extrêmement difficile d’obtenir quelque chose de régulier. Et à force de couper…je me suis retrouvée avec une robe très courte.
Alors cela ne m’empêchera pas de la porter, avec des collants opaques l’hiver et en bord de plage sur des talons plats l’été, mais je vous avoue que tout ceci m’a bien contrarié. Mais au moins, c’est un ouvrage qui m’a encore beaucoup appris.
Sur la construction même de la robe, j’ai simplement enlevé le col (les coeurs suffisaient bien 😀 ), doublé la robe grâce à ce tuto d’Éléonore, et seulement surpiqué les marges de l’encolure pour que la doublure reste bien en place.
Mêmes les mancherons sont montés à l’anglaise : cela donne vraiment de belles finitions.
Pour l’ourlet je n’ai pas pu me résoudre à un simple roulotté sur le tissu extérieur (ce qui aurait pu me faire gagner quelques millimètres). J’ai utilisé mon pied à ourlet roulotté pour machine à coudre : toujours difficile à prendre en main, mais le résultat en vaut vraiment la peine.
Par contre, ourlet roulotté obligatoire sur la doublure en mousseline, sinon j’y laissais ma santé mentale. 😀
« C’est une impression ou tu te pèles les miches ? »
« Pas du tout, j’ai super chaud. Tu connais pas la méthode Coué ?? » 😀
Verdict : il y a une citation de Monsieur Mandela que j’adore et qui dit « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends. » Et je crois qu’elle s’applique parfaitement à ce projet. Le résultat n’est pas tel que je l’imaginais, mais j’ai encore une fois beaucoup appris, et je suis contente de m’être lancé à l’assaut de la soie. En n’oubliant pas la prochaine fois de ne pas ourler des pièces amidonnées et coupées dans le biais ! 😀