De retour de vacances, je reviens vers vous avec un article un petit peu particulier, qui ne vous présentera aucun ouvrage. Mais qui sera sans doute à mes yeux un des articles les plus importants de ce blog.
Pour celles (et ceux ?) qui me suivent depuis longtemps, vous le savez, j’ai quitté le monde professionnel à la naissance de mon aîné, Tom. S’en sont suivies 8 très belles années, où j’ai grandi, appris, évolué avec Tom bien sûr, puis Juliette, et enfin Paul. Paul, mon tout petit, celui qui est né hier et qui va faire sa première rentrée dans quelques jours. Mon congé parental s’est terminé en début d’année, et il fut temps de réfléchir à une réorientation professionnelle. Je vous l’avoue, j’étais totalement perdue à cette époque. Et j’ai eu la chance de rencontrer un monsieur, dans le cadre de mon bilan de compétences. Un monsieur patient, bienveillant, tellement gentil. Mon premier ange gardien sur ce chemin.
J’en ai rencontré du monde ces dernières semaines. On a évoqué beaucoup de pistes. On m’a suggéré de professionnaliser le blog, déjà. Mais j’ai refusé obstinément de considérer cette piste. Cet espace a toujours été mon havre de liberté. Le lieu où j’écris ce qu’il me plait, quand il me plait, sans suivre la moindre ligne éditoriale, sans être obligée d’accepter tel ou tel partenariat. Coudre les pièces qui me font envie, coudre les tissus que j’ai choisis, au rythme qui me convient. On m’a même dit un jour que je souffrais sans doute « d’un excès d’authenticité ». Mais qu’importe : ma liberté et ma sincérité ne se monnaient pas.
Evidemment, on m’a aussi souvent suggéré de lancer ma propre gamme de patrons. Mais hélas, beaucoup ne se rendent pas compte du boulot titanesque d’une telle entreprise. On s’imagine souvent qu’une créatrice dessine un patron entre deux rendez-vous, dans un bel atelier, une tasse de thé à la main. Mais pour avoir rencontré la créatrice de Deer and Doe par exemple, je sais ce qu’une telle entreprise demande comme investissement, financier comme humain. Que lancer un patron n’est pas juste dessiner un vêtement : il faut choisir une morphologie, des mensurations, un style, une pièce qui plaira au plus grand nombre. Tester un patron, le grader, le matérialiser, le commercialiser. Gérer une comptabilité, répondre aux demandes des clients, fournir un travail le plus parfait possible. Il y a une immense différence entre patronner pour soi, à son goût, à ses mensurations et patronner pour les autres. Non, définitivement, et à l’instant T de ma vie, ce n’est pas ce chemin que je souhaitais emprunter.
La conclusion des tests lors de mon bilan tournait dans ma tête : « vous devez trouver une activité au service des autres, où vous pourriez utiliser votre créativité, tout en gardant du temps pour votre équilibre familial ». Mais comment matérialiser cette phrase ? Et c’est là que je me suis souvenue des mots de mon second ange gardien, Chantal.
Chantal, ma prof de modélisme. Un jour, en plein cours, elle me regarde et me sort le plus naturellement du monde « bon, c’est quand que tu donnes des cours de couture toi ? » Je me rappelle, j’avais explosé de rire : « moi ? Celle qui doute tout le temps, donner des cours ? ». Mais Chantal, au delà de ses connaissances abyssales en couture, lit mieux que quiconque en les autres. Et ce jour là, elle avait sans doute lu dans mon avenir.
Donner des cours, bien sûr ! Mais comment ? Où ? Je n’ai pas d’atelier, aucun endroit pour partager cette passion qui a boulversé ma vie. Mais comme je suis une personne chanceuse, c’est là que Clémence, mon troisième ange gardien, va venir m’entourer de tous ses conseils. Elle va m’écouter, m’épauler, me donner confiance. « Ecoute, j’ai des élèves en cours de tricot qui prennent des cours de couture chez Carabistouilles. Ca ne te coûte rien de leur passer un coup fil : ils auront peut être besoin de quelqu’un ? »
Et en juillet, Nathalie, le quatrième et dernier ange gardien de ce beau chemin. Celle qui gère l’atelier Carabistouilles. Une rencontre, un feeling, une envie commune de faire équipe et d’ouvrir de nouveaux créneaux de cours. Des projets, des idées d’ateliers thématiques pendant les vacances. Et hier, le tout premier cours en binôme, et cette joie, indescriptible, de voir une petite fille repartir avec son ouvrage. Elle était si fière d’elle même, mais se doutait elle que je l’étais encore plus qu’elle ? Un bonheur n’est complet que lorsqu’il est partagé, et c’est exactement ce que je veux partager avec le plus grand nombre : la joie, la fierté, l’accomplissement d’un ouvrage fini et réussi. La couture m’a tant apporté : il est temps aujourd’hui de semer les graines qui m’ont fait grandir.
Tout ce long article sincère et sans fard pour vous partager ceci : cette nouvelle aventure qui s’ouvre, mon arrivée chez Carabistouilles, et la publication des ateliers disponibles. J’espère que j’aurai le plaisir de rencontrer certaines d’entre vous.
Encore merci Michel, Chantal, Clémence et Nathalie. Et merci à vous qui lisent et commentent ce blog, depuis des années ou depuis 3 jours. Votre fidélité et votre gentillesse sont un vrai cadeau.
Je vous souhaite à tous une belle rentrée. Et prenez bien soin de vous. ❤