Il y a des tissus sacrés que l’on ose pas couper. On les regarde avec envie, on les déroule parfois, comme ça, pour le plaisir des yeux. On change dix fois, vingt fois d’avis quant à leur sort, repoussant sans arrêt l’échéance de la découpe, non pas par paresse, mais par peur de gâcher ces quelques centimètres d’étoffe. Et puis un jour, on prend son courage, ou plutôt, son ciseau à deux mains.
Cette viscose incroyable, je l’ai rencontré dans une vente Agnès B. J’ai tout de suite su qu’elle serait parfaite en Aubépine, mais malgré tout, j’ai mis de longs mois à la réaliser. Pourquoi me direz-vous ? J’avais déjà réalisé une première fois Aubépine lors de ma grossesse pour Paul. Et si enceinte, la robe me seyait plutôt correctement, ça n’est plus le cas aujourd’hui. Le volume au niveau de la jupe est assez important, on dirait réellement que je couve le petit quatrième. 😀 Je m’étais donc convaincue que la coupe de cette robe ne me convenait pas.
J’ai alors passé de longs mois à chercher un nouveau projet à associer à ce tissu adoré. Mais invariablement, mon instinct me ramenait auprès d’Aubépine. J’ai donc décidé de lui faire confiance…en priant qu’il ait raison. 😉
Et ce fut le cas ! J’ai donc découvert le secret du succès de cette robe : la fluidité du tissu utilisé. Lors de mon précédent essai, mon chambray était fin en effet, mais raide. Doublée du même tissu, la jupe prenait un gonflant fort confortable lors d’une grossesse, mais bien moins flatteur quand on ne l’est pas. Cette viscose est à la fois lourde mais glisse entre les doigts et se drape joliment quand on la manipule : le tissu idéal pour réaliser Aubépine.
Ma viscose étant assez lourde, je l’ai doublé de mousseline écrue. C’est la première fois que je cousais cette matière : elle ne fut pas simple à maîtriser, mais équilibre parfaitement la robe de part sa légèreté.
J’ai particulièrement galéré pour la coulisse de la ceinture. Les 2 tissus glissant sous les doigts, j’ai d’abord bâti à la main les 2 épaisseurs, puis assemblé le tout à la machine. Sur l’envers le résultat n’est pas parfait mais je m’en contenterai. Et comme pour ma première Aubépine, j’ai choisi de la dentelle pour ceinturer le corsage. Je crois que j’ai des TOCs avec les modèles Deer and Doe. 😀
Comme je voulais vraiment mettre le tissu à l’honneur, j’ai simplifié Aubépine au maximum : pas de plis religieuse sur le corsage, ni sur les manches. Je n’ai pas cousu les poches non plus, pour ne pas alourdir ma silhouette. J’ai toujours peur que cela ajoute du volume là où ce n’est pas nécessaire. 😀
La longueur des manches est quelque peu inhabituelle, de part ma faute : j’ai supprimé les plis et pris la longueur manche courte, mais sans enlever les centimètres des plis. J’obtiens donc une longueur hybride, à mi-chemin entre la manche courte et la manche 3/4. C’est plutôt étrange mais ça me plait. 😀 J’ai élastiqué l’ourlet, comme sur la manche 3/4 originale. Et j’ai glacé les marges au niveau de l’encolure, pour que la doublure reste bien à l’intérieur du corsage.
Verdict : vous allez dire que je dis ça à chaque nouvelle robe et vous aurez raison, mais celle-ci est sans conteste une de mes préférées. En général quand une robe est terminée, je la mets de côté en attendant la séance photo pour le blog, de peur de la tâcher. Mais celle-ci, j’ai eu envie de la porter tout de suite et ne plus la quitter !
La viscose la rend très confortable, et la jupe se drape joliment, un peu comme si je portais une robe de bal. Ce modèle me rappelle la mode à l’époque de la Régence Anglaise, vous savez, quand Jane Austen faisait et défaisait le destin de ses héroïnes. Pour celle qui connait « Orgueil et Préjugés » par coeur, cette robe était une évidence, et mon instinct ne s’était pas trompé. 😉
Quelqu’un pour m’indiquer où se cache Mr Darcy ??? 😀 Une excellente semaine à toutes !!! ♥♥♥