Ah j’en ai eu des projets boulets. Mais alors celui-ci…c’est un CHAMPION DU MONDE ! (Coupe du monde, le foot, tout ça…vous l’avez ? 😀 )
J’ai toujours rêvé d’une belle tea-dress : une poitrine mise en valeur par un décolleté, une taille cintrée par des empiècements, et une jupe dansante. J’avais bien repéré depuis longtemps celle de Sew Over It, mais je ne sais pas, quelque chose me gênait dans ce modèle. Et puis je savais qu’un bon fit allait demander une foule de modifications : pourquoi ne pas la patronner moi-même ? Et c’est pile à ce moment là que Lilicroche (de son petit nom Béatrice) m’envoie cette photo sur Instagram :
Photo extraite du compte Instagram de Caroline Strothe, une photographe allemande. Elle était là la tea dress de mes rêves ! Et j’ai compris avec ce modèle ce qui me gênait dans le patron de Sew Over It, ou encore celui de Colette : les fronces du décolleté ! L’aisance pour la poitrine est ici pensée à partir de plis, et le résultat est si raffiné, si féminin. J’ai donc choisi ce projet, lors de la reprise du modélisme en septembre…pensant, naïvement, le porter à Noel. (ah ah ah. 😀 )
En premier lieu, il a fallu réfléchir aux plis : combien ? Quelle profondeur ? Le bas du corsage : en un seul tenant avec des pinces ? Des empiècements ? Et quand tous ces points furent actés…est venu le temps des toiles. (non, pas le temps des cathédrales. 😀 )(Vous croyez que je vous entends pas, derrière le clavier ?! 😀 )
Je ne sais pas combien de toiles nous avons pu étudier, ma prof et moi. Comme elle me l’a judicieusement rétorqué, ce projet tenait davantage de la bonneterie. L’avantage de toutes ces toiles, c’est qu’elles m’ont réconcilié avec ces plis. Si les premiers furent une plaie à former, ils ont fini par être agréables à travailler. Si si !
Et c’est fin février que nous avons modifié une dernière fois le patron, ne sachant pas que ce cours partagé serait le dernier…ayant trouvé mon travail actuel très rapidement. A grand regret j’ai donc du quitter mon cours de modélisme, croisant les doigts pour que cette ébauche ci soit la bonne. Seule avec mon crayon et mon perroquet, j’avais peu d’espoir sur l’avenir de cette robe.
Au final l’ultime toile n’a pas nécessité de trop grandes modifications. J’ai donc pu démarrer ma version finale, en choisissant de doubler totalement mon corsage, faisant fi des recommandations de ma prof, qui m’avait plutôt conseillé de simplement coudre une parementure. (Et qui se demandait quand même d’où me provenait cette obsession de doubler absolument tout.)(La flemme de faire des coutures propres ? 😀 )
Pour éviter d’avoir trop d’épaisseurs au niveau de l’empiècement de la poitrine, j’ai fait une empreinte de la pièce, les plis fermés. J’ai donc monté le tout, et le dernier fil coupé, nous avons pris quelques photos…et j’ai pu constaté l’ampleur des dégâts.
La doublure étant coupée dans un mélange coton-soie sans élasticité, la pièce où étaient censés se loger mes nibards ne comportant aucun pli pour les caser…mes seins étaient écrasés, le corsage était tout plein de plis, c’était horrible. (Je vous aurais bien posté une photo, mais mon mari les a toutes supprimées.)
N’importe qui de censé aurait viré la doublure, et se serait contenté de la parementure…mais comme je suis têtue comme une mule, j’ai eu l’idée de conserver mes pièces de poitrine sans les plis…mais dans une matière extensible. Ainsi mes nénés ont plus de place ! 😀
Et pourtant, à l’essayage, ça n’allait toujours pas. Mes empiècements sous la poitrine présentaient toujours des plis hyper moches. Alors j’ai décousu, recousu avec quelques millimètres de moins, une fois, deux fois, dix fois, jusqu’à ce que le résultat me convienne. Au final, il y a toujours de légers plis, mais j’en ai pris mon parti. J’ai compris qu’ils sont inévitables avec du chaine et trame. Si l’on souhaite vraiment une corsage cintré sans pli, le jersey et l’aisance négative sont là pour ça ! 😀
Le corsage étant très travaillé, j’ai choisi de lui associer ma jupe en forme, d’une ligne assez simple. Voyez les petites fronces à la taille : c’est parce que mon corsage est trop juste de 2 cms. J’ai réussi à tirer dessus pour qu’il colle à ma jupe, mais le résultat n’est pas très joli, et j’y suis pas mal engoncée. Disons que ce n’est pas la robe que je porterai pour un rock endiablé. 😀
Concernant les finitions, la robe est terminée par une fermeture invisible, et toutes les coutures visibles sont finies à l’anglaise.
Et pour la couture du dos, j’ai opté pour des coutures gansées. C’est pas mal, mais cela crée quand même une sacrée épaisseur, pas très pratique sur la fin de la fermeture. Pour la prochaine je crois que je vais tenter d’ourler les bords. Je vous raconterai. (Indiana Emilie, à la recherche de la plus jolie finition pour une couture de fermeture invisible)(On a les aventures que l’on mérite j’ai envie de vous dire. 😀 )
Concernant le tissu, je voulais forcément une belle qualité, vu le temps passé sur ce projet. Je me suis donc offert une belle popeline de chez Stragier : celle-ci, en bleu paon. Si à la réception, j’ai été déçue de sa couleur, tirant plus sur du turquoise foncé, qu’un bleu paon, il faut dire que la qualité de la popeline est magnifique. Elle est parfaite sur les plis, mais un peu raide pour le tombé de ma jupe, qui m’est plus flatteuse avec du satin de coton, plus souple.
Verdict : écoutez, j’ai souffert, mais je suis contente d’avoir relevé le défi. Cette robe n’est pas aussi confortable que je l’aurai souhaitée, elle n’est pas parfaitement réalisée, elle a des défauts, mais…elle a vu le jour. Et vu la difficulté du projet, le peu de temps et d’énergie que j’avais à lui consacrer, tout ceci noyé dans une motivation couturesque assez faible…c’est quasi un exploit. 😀 Je la retenterai, sans doute cet hiver, en repensant peut-être ma doublure. Mais maintenant, place à des projets plus estivaux !